Die in the USA
Jimmy Carter n’est plus. Vive Jimmy Carter !
L’Amérique est en berne, mais de quelle Amérique parlons-nous ? Car aujourd’hui il semble y avoir deux Amériques frontalement opposées. Un pays paradoxale, pleins de contradictions, se posant et s’imposant comme un modèle à suivre. Un pays qui nous a délivré à deux reprises des joutes du fascisme, un pays prônant la liberté sans concessions et qui, après tant d’années d’influence, nous met face à un dilemme existentiel, à nous européens.
Sans l’Europe, l’Amérique n’est pas. Ses racines sont ici avec nous, son histoire aussi. Nous partageons donc une ADN commune qui en fait nos cousins éloignés. Cependant, aujourd’hui notre indépendance n’est plus. Et ce depuis la mort de De Gaulle, nous sommes entré dans la zone d’influence culturelle américaine. Symbole de liberté absolue, l’individu est au cœur de sa mentalité, contrairement au communisme qui comme vous le savez est son ennemi juré. Le libéralisme sans concession servant la réalisation personnelle à travers un modèle de réussite basé sur la fortune en a fait le pays du self made man à la Elon Musk ou héros sociétal adulé par l’inconscient collectif primaire. Ce héros qui a souffert mais qui par sa soif de justice et de liberté a su surmonter et écraser son adversaire pour se glorifier à lui même et aux autres et par les autres. Tous les films hollywoodiens sont construit sur ce modèle, cette vision manichéenne du monde.
L’Amérique a besoin d’ennemis pour exister. Sans adversaire(s), son discours ne tient plus. Son modèle s’écroule face à la réelle complexité du monde. Cette vision dualiste de la vie est pernicieuse et simpliste. Premier producteur d’armes au monde, première armée du monde, premier belligérant dans de nombreux conflits, premier sur la mortalité par armes à feu (hors guerre), premier et seul pays à avoir utilisé l’arme nucléaire… bref, certains palmarès méritent de ne plus exister. Certes la liberté individuelle est fondamentale pour chacun, mais ne doit pas constituer une raison pour la défendre au-delà des frontières qui la contienne, car la liberté s’arrête où commence celle des autres et ça les États Unis ne l’ont pas inclus dans leur mentalité.
La liberté, ce mot galvaudé par la statue en est presque devenu une prison expansionniste (oui c’est un paradoxe). Prisonnier de leur liberté absolue, les américains se sont enfermés dans un raisonnement binaire. La preuve, il n’y a que deux partis politiques chez eux. Les bons et les mauvais, tout dépend de quel côté on se situe pour connaître son adversaire. Un raisonnement à ne pas prendre à la légère pour nous européens si l’on ne veut pas finir comme eux, avec des populistes manichéens à la tête de nos gouvernements.
Le 20 janvier Donald Trump investira son mandat de président des États-Unis. Quasiment 20 jours après la mort du meilleur ancien président que l’Amérique ait connu. Oui meilleur ancien président, car Jimmy Carter a davantage brillé après son mandat que pendant, enfin d’après ce qui se dit. J’étais trop jeune pour vérifier, mais il a été élu un mois après ma naissance, une année que je retiens par conséquent. Deux hommes que tout oppose. Deux visions de l’Amérique. L’une progressiste et empathique l’autre conservatrice et individualiste. Laquelle devons-nous suivre puisque l’influence américaine nous a conditionné jusqu’à présent ? Ce n’est pas Macron qui dira le contraire… Il me semble que celle de Carter, peut-être utopiste, est une voie humaniste et intelligente vers l’avenir. Celle de Trump un repli sur soi et un rejet de l’autre. Comment peut-on parler d’expansionnisme vis à vis du Canada et vouloir fermer ses frontières d’un mur au Mexique ?
Les populismes ont le vent en poupe, l’Amérique en est aujourd’hui le témoin à nouveau. Nous y avons échappé de peu en France, mais le terreau y est encore trop fertile. L’Europe bascule doucement, l’Italie déjà, la Hongrie, l’Autriche, bientôt l’Allemagne si Elon décide de subventionner le AFD…
Jimmy est mort et il nous laisse avec les paranoïaques, les psychopathes, les schizophrènes. Le puritanisme aux vices cachés. Quelle est notre vision du monde à l’heure où les bougies s’éteignent et les brasiers s’allument ? L’Amérique va-t-elle continuer à protéger d’une main et sanctionner de l’autre dans un rôle de gendarme du monde, mais qui au final ne sert que ses propres intérêts mercantiles ? La paix avec la Russie promise par Trump est-elle sincère ou poudre aux yeux jetée par un pyromane récidiviste et démagogue ? Poutine vient de refuser la proposition du futur président américain, ils vont commencer leur bras de fer, j’espère qu’il n’y aura pas d’escalade… Le rêve américain est-il une chimère pour asservir par l’argent ? La guerre pour la paix est-elle un devoir pour la liberté ou un prétexte cachant un suprémacisme sournois ? L’ennemi de mon ami est-il mon ennemi ? Le clivage est une position réactionnaire et le choc des civilisations semble plus que jamais sous tension.
L’American Way Of Life laisse derrière lui beaucoup de dégâts, les antidouleurs tuent, les drogues ravagent, le modèle moisi doucement et la menace de guerre totale n’a jamais été aussi pesante ! Mr Carter votre Amérique méritait d’exister, car aujourd’hui c’est l’American Way Of Death qui nous pend au nez. Un détournement du fameux adage que j’ai mis en image dans une peinture grand format il y a quelques années mais qui résonne encore aujourd’hui avec l’actualité brûlante que l’on nous sert h24.
Pris en étaux entre un modèle libérale et individualiste et le modèle oligarchique et sectaire que représente la Russie, l’Europe se doit de réconcilier les deux mondes grâce à son fondement dans l’histoire et à sa vision humaniste des peuples et des différences. Le communautarisme est le vrai danger de la démocratie mais chaque communauté à sa place au sein du monde… c’est tout l’enjeu d’une harmonie équilibrée pour un monde plus juste. Merci Mr Carter d’avoir essayer d’apporter ce message de paix.
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